De retour du lac je demande au chauffeur de me larguer au village de
Chemrey. En fait l objectif des prochains jours est simple: je veux visiter
tous les monasteres des environs en faisant du stop, en prenant les transports
public, et en prenant mon temps. Le chauffeur me dit qu a Chemrey il n y a
aucun hotel ni guest house. En effet c est un tout petit village entoure de
champs d orge et qui est domine par le superbe Thekchhok Gompa, qui s etire sur
une colline recouverte d un dedalle de minuscules ruelles et de maisons
tibetaines.
Le chauffeur demande a un habitant qui restaure des chortens s il
est possible que je dorme chez lui. L homme dit ok pas de probleme pour la
nuitee, le dinner et le petit dej pour 300 roupies (environ 4 euros). Je
demande s il est marie, s il y aura d autres membres de la famille dans la
maison, histoire d eviter de dormir toute seule avec juste un seul mec dans la
chambre d a cote, au cas ou je tomberai sur un sadique... Il me repond qu il
est marie et que sa femme sera bien la ce soir. Des fois j ai un peu honte de
ma mefiance, surtout avec ces indiens du nord qui sont vraiment adorables,
serviables et genereux... Mais bon tant pis ca m evitera peut etre un jour d
avoir des soucis... Bref je dis aurevoir a mes compagnons de route et mon hote
m accompagne a sa maison. C est une grande maison, je pense que le couple doit
avoir pas mal d argent en comparaison aux autres habitants de la vallee. Dans
le jardin il y a une vache et un veau, des poules, un ane. Il me montre l
endroit ou je vais dormir, c est une banquette dans le sallon, avec une vue
imprenable sur tout le village. C est parfait!!
Apres m etre posee un peu je
pars visiter le monastere. Avant ca je marche en bas du village, je fais un
milliard de photos. J ai encore une tres bonne idee en voyant la colline en
face du monastere, je me dis que la vue doit etre encore plus belle de la haut.
Effectivement la vue est a couper le souffle: le monastere est perche a flanc
de colline, en arriere plan on a encore ces fameuses montagnes ocres du Ladahk,
et la vallee a ma droite est recouverte de champs vert et jaunes ou travaillent
les nombreux paysans du coin. Un drapeau de priere flotte au gres du vent. Bref
tout ca c est bien beau mais comme une truffe internationale que je suis je suis
partie en tong et comme il n y avait pas de chemin pour monter au sommet de la
colline j ai bien failli me viander comme un cachalot sur la roche glissante
qui revetait le sol.
J arrive en bas apres quelques peripeties et je me dirige
vers le monastere. La visite de celui ci est tres sympa, un moine m ouvre les
salles sacrees et m explique dans un bon anglais pas mal de choses. Apres la
visite je redescend vers le village en empruntant le dedalle des ruelles
blanches d ou s echappent le mugissement (plus trop sur si ce mot est francais
ou pas, dsl d avance) des vaches ou le cacquettement (idem) des poules. Une
fois a la maison je retrouve un the et des petits gateaux qui m attendent... On
est pas bien la!!
La femme de mon hote est la, en habit ladahki traditionelle,
avec de longues tresses attachees ensemble a leur bout. Puis je demande a
prendre une douche. La femme me dit qu ici il n y a pas de salle d eau, ce que
je trouve curieux car c est une belle et grande maison par rapport aux autres,
je pensais qu il y aurai au moins une salle d eau avec un robinet d eau froide
et un bacquet. Tant pis je lui demande de me preter un sceau que je remplis d
eau a la fontaine devant la maison et je vais me savonner dans les toilettes.
Toilettes a la ladahki bien sur, une petite cabane sur un etage, en haut le sol
a un trou pour faire tout passer au rez de chausse et on recouvre le tout avec
de la terre stokee dans un coin du premier etage. Tres ecolo quoi! Apres m etre
savonne je retourne sur ma banquette.
Mon hote vient me chercher et je m assois
avec eux par terre sur des coussins dans la cuisine. Ils preparent a manger
avec la tele ou les infos passent en boucle. Je suis super contente de partager
ces moments avec eux, car il est assez rare finalement lorsque l on dort chez
les habitants que ces derniers mangent avec nous. En effet contrairement a ce
que l on pourrai croire en general ils font le repas de leur cote et on mange
separement, ca se passe souvent comme ca. La seule fois a part celle ci ou j ai
vraiment mange avec mes hotes c etait avec Mamay et sa famille, dans les
montagnes pres de Sapa, au nord du Vietnam. Bref nous faisons connaissance.
Honnetement je ne me rappelle plus de leurs prenoms, vous imaginez bien qu avec
ma memoire de poisson rouge je n arrive pas a me souvenir des prenoms ladahkis.
Ils ont une 50 aine d annees, vivent de la recolte de leur terre et du lait de
leur vache. Ils ont 4 enfants, tous grands et maries. Ils me posent les
questions habituelles: quelle age j ai, ha bon 31 mais comment ca se fait qu a
cet age deja tres avance je ne sois pas marie et je n ai pas d enfant, et
comment ca se fait que je voyage toute seule... Bref le rituel habituel quoi!
Je leur explique qu en france c est pas grave si on est pas marie et qu on a
pas d enfant a mon age, il me regardent d une maniere un peu dubitative. Le
repas est simple mais tres bon: riz, chapati, epinard et autres legumes. Plus
tard je vais me coucher, repue par le diner et ma journee. La nuit se passe
bien, le vent frappe contre les carreaux de la fenetre et le ciel brille de
mille etoiles, comme la veille au lac.
Le lendemain matin un petit dej copieux
m attend, avec des chapatis et du dal, c est a dire des lentilles en sauce, ils
mangent ca le matin la bas. Puis je m en vais avec mon hote, qui me fait
comprendre que le bus passe sur la route principale et qui arrive 10 min plus
tard. Je remercie mon hote et je monte dans le bus ou une dizaine de paire
dyeux me fixent comme si j etais la premiere etrangere qu il voyaient de leur
vie. Apparement il n y a pas beaucoup de
touristes qui prennent ce bus! Pour 10 roupies ce dernier me largue a Karu, un
village qui est plus une gros carrefour qu autre chose. De la je commence a
marcher dans la direction opposee, je commence a faire du stop pour monter a un
autre monastere, Hemis. Mais personne ne s arrete.
Un militaire vient alors me
voir, il me dit que pour monter a Hemis il faut faire du stop sur une autre
route un peu plus haut et il me dit qu il veut bien me montrer ou. Je suis un
peu septique mais bon il y a du monde, alors je le suis (mais avec ma bombe a
poivre dans la main). On prend un raccourcis et on arrive effectivement sur la
bonne route. Je remercie le militaire et je lui fait comprendre que je vais
attendre une voiture toute seule. Il fait semblant de ne pas comprendre le
message, me demande si je voyage seule, si je suis mariee. Je m invente un
maris qui m attend a Leh. Ca ne suffit pas, il commence a tourner autour de
moi, il me demande si mon sac a dos est lourd, il veut le peser, et comme par
hasard au passage il commence a toucher mon bras. S en est trop pour moi, cette
fois ci je suis beaucoup plus ferme, je hausse franchement le ton, je lui dis
qu il me laisse immediatement toute seule, et je lui montre la bombe que j ai
dans la main. Je lui fais comprendre que je n hesiterai pas une seule seconde a
m en servir le cas echeant. Cette fois ci le message semble passer, il s en va
en disant ok ok. Toujours se mefier des militaires, ne jamais leur faire
confiance! En plus la region est truffee de camps de l armee, a cause de la
proximite avec le Pakistan (et le probleme du Cachemire) et de la Chine (qui a
tente de s incruster dans cette partie de l inde il y a quelques dizaines d
annees).
Bref plusieurs voitures me passent devant sans s arreter. Puis une
mini camionette avec un couple etranger et un chauffeur indien s arrete et sont
ok pour que je m incruste. Il faut dire que je ne me sens pas de parcourir les
10 km restants avec mes 20 kg sur le dos,
d autant plus que ca grimpe tout le long... C est un couple d americain assez
ages, qui vivent en inde, a goa, depuis de nombreuses annees et qui montent
dans le nord pour echapper a la mousson.
Une fois a Hemis je les remercie, je
laisse mon gros sac au resto du coin et je commence la visite. Le monastere est
niche en bas d une falaise de roche rouge dechiquetee qui surplombe tout le
village. De l autre cote il y a une
immense statue de je ne sais quelle deesse qui surplombe toute la vallee. Le
monastere est tres sympa lui aussi, avec un musee tres interressant.
Pour la
redescente vers la vallee je commence a pied car a l aller j ai vu un endroit
magnifique que je voulais prendre un photo: il s agissait d un mur de priere
etonnament long, un des plus longs que j ai jamais vu, entoure de chorten. Puis
deux riches femmes indiennes de bombay me prennent en stop dans leur voiture
avec chauffeur. Elles ne repartent pas vers Leh, du coup je dois refaire du
stop pour aller au monastere de Thiksey...
Les chortens et le monastere de Chemrey.
La vue depuis le sommet de la colline.
Mon hote et sa vache.
Les chortens en reparation devant la maison.
Le moine qui m a fait visiter le monastere.
Monastere de Chemrey.
En redescendant du monastere.
Bon la photo n est pas terrible mais c est mon museau et mes hotes.
Le monastere d Hemis.
L interieur du monastere.
Les murs de priere en bas du monastere.
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