Cratere de gaz de Darvaza, Turkmenistan

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dimanche 6 avril 2014

Nouvel an iranien!

Je suis à Shiraz pour No Ruz, c’est-à-dire pour le nouvel an Iranien. No Ruz veut littéralement dire nouveau jour. C’est une fête perse qui n’a rien à voir avec l’islam. Pendant 2 semaines les nombre d’iraniens prennent des vacances et voyagent dans tout l’iran, retournent dans leur villes et villages rendre visite à leur famille. Les dates exactes dépendent du calendrier perse, mais en général No Ruz commence le 20 ou le 21 mars et se termine le 2 avril. Pendant cette période donc les principales villes d’iran sont prises d’assaut par les touristes iraniens, et il devient très difficile de trouver un bus ou une chambre d’hôtel.
La coutume à No Ruz, c’est de réunir chez soi les haft seen, 7 objets symboliques perses qui commencent par la lettre S. C’est leur coutume, un peu comme l’arbre de noël chez nous.  
Les haft seen sont les suivants :
-sabzi : germe de blé ou de lentilles poussant dans un plat, qui symbolise la renaissance et la fertilité.
-samanu : un gateau très sucre fait de germe de blé et qui symbolise l’abondance.
- seer (ail) et sumaq (baies de sumac) qui représente la bonne sante.
-sib (pomme) et senjed (un fruit seche), qui représente la vie et l’amour.
-sonbol (fleur de jacinthe) qui représente la beauté.
On retrouvera aussi sur les tables des foyers le see sekeh (une pièce d’or, symbolisant un bon revenu pour la famille), un miroir, un coran, des bougies… Et le plus répandu c’est un petit poisson rouge dans un mini bocal, qui symbolise la vie.
Lors de la nuit du mardi avant le dernier mercredi de l’année a lieu le chahar shanbe-soori, les feux du mercredi. Lors de cette soirée les iraniens dansent, chantent et sautent par-dessus les feux. Le fait de sauter par-dessus les feux symbolise le fait de bruler la maladie ou la mauvaise chance. Le problème c’est que le gouvernement iranien a interdit cette pratique qu’il considère comme païenne. On peut encore en trouver en cherchant bien, mais apparemment ces feux ce font plus dans le jardin familial, a l abris des regards indiscrets de la police ou des militaires. A Shiraz malheureusement je n’ai pas trouvé de feux, bien que monique m’a dit qu’elle en a trouvé plusieurs. J’etais trop deg !! Et Christophe lui avait réussi à se faire inviter dans une famille iranienne à cette occasion. Moi j’étais toute seule dans mon dortoir comme un rat d’égout en décomposition… Tu m’étonne que je n’avais pas le moral !! J’ai quand même fait une tentative de sortie mais tout ce que j’ai entendu c’est des 100 aines de pétards qui explosaient de tous les cotes. En effet lors de cette soirée et parce que les feux ont été interdis, les jeunes remplacent ces derniers par les pétards et jouent ainsi au chat et à la souris avec la police. Apparemment c’est super dangereux y a plein de blesses chaque année à cause des pétards.
Quand le soir de No Ruz arrive, la famille se rassemble autour des haft seen et recite des prières pour demander le bonheur, la bonne santé et la prospérité, avant de manger le sabzi polo (riz et légumes) et du mahi (poisson). Les mères doivent manger un œuf dur pour chaque enfant. Au moment où le soleil passe l’équateur (le compte à rebours est annonce par la radio) tout le monde s’embrasse et se serre dans les bras ; les enfants reçoivent les eidi (cadeaux).
Les fêtes se terminent par Sizdah be Dar, 2 semaines plus tard, habituellement le 2 avril. Tout le monde se rend en dehors de la ville pour faire un pique-nique, tout en prenant soin d’emporter les haft seen avec eux. Le poisson rejette a l’eau ; les germes de blé sont accroches sur le pare-brise des voitures afin qu’ils soient emportés par le vent.  Cette étape symbolise le fait qu’on se débarrasse de la mauvaise chance de l’année précédente.
Pour No Ruz avec Christophe nous nous rendons sur la tombe de Hafez, à Shiraz. Il y a plusieurs milliers de personnes qui attendent le moment fatidique, celui du passage de la nouvelle année. Impossible d’approcher la tombe de près, c’est déjà plein à craquer. Sur la pelouse des familles iraniennes préparent un gâteau ou quelque chose à manger, avec les 7 Haft seen sur un tapis, tandis qu’un membre de la famille lit à haute voix de la poésie de Hafez. La tension est à son comble, et de temps en temps les gens se mettent à crier et à applaudir. Dans la foule je rencontre une petite fille de 9 ans qui parle parfaitement bien l’anglais, qu’elle apprend à l’école. Quand je pense qu’en France la plupart des gens ne parlent pas anglais ! On est vraiment à la traine par rapport aux autres pays dans lesquels je suis allée. Bref la petite me donne pleins d’information sur ce qu’il est en train de se passer. Elle me dit aussi qu’elle a 9 ans et que bientôt malheureusement il va falloir qu’elle mette le voile. Elle n’en a pas du tout envie bien sûr mais sa maitresse commence à lui dire qu’il va falloir qu’elle le mette sous peu de temps. Sa mère elle essaie de repousser au maximum l’échéance. On fait aussi connaissance d’un groupe de jeune qui nous aborde en posant les mêmes questions que tout le monde nous pose, de quel pays on vient, pourquoi on est venu en iran, qu’est-ce que l’on pense des iraniens, si on est marie, notre travail… Dans le groupe un mec me branche et me dit en chuchotant qu’il est journaliste et qu’il est allé en prison pour des raisons politiques. Il me demande comment il peut faire pour immigrer en France, s’il a besoin d’un visa ou pas… Ca fait froid dans le dos ! Il a branche Christophe aussi, ce dernier lui a donné le numéro d’un amis qui connait une association…

Finalement le compte à rebours commence, et la nouvelle année est la ! La foule est presque hystérique, tout le monde crie, se serre dans les bras, se félicite… Quelques feux d’artifices illuminent brièvement le ciel. Soudain des gens se précipitent vers la sortie. Une fumée blanche envahie le site, le gardien du jardin essaie de se frayer un chemin avec un tuyau d’arrosage. Apparemment il y a un feu qui s’est déclaré dans l’enceinte du jardin ! Le problème c’est qu’il y a des milliers de gens dans ce tout petit jardin, et je redoute un mouvement de panique… J’ai pas trop envie de mourir piétinée ! J’ai du mal à avancer, la foule est très compacte et tout le monde essaie de se frayer un chemin vers la sortie. Je vois la peur sur le visage des gens, les adultes qui tiennent très fort les enfants par la main, des gens qui commencent un peu à paniquer… 
Gros gros coup de stress pour nous, heureusement tout se termine très bien, les gens sont restés calmes et on a pu sortir de la tombe de Hafez en un seul morceau. Gros coup de speed quoi ! 
Lorsque nous progressions vers la sortie, un des mecs du groupe a dit à Christophe qu’en fait c’était la police qui avait lancé un gros fumigène  pour commencer à disperser la foule. Sympa, il aurai pu y avoir je ne sais pas combien de morts, alors que tout ce qu’on faisait c’était fêter la nouvelle année ! Vous imaginez vous prendre des fumigènes dans la tête par la police sur les champs Elysées pour disperser la foule alors que tout se passe bien ?!






Video du compte a rebours du nouvel an.





Les haft seen vendus dans la rue.














Devant la tombe de Hafez, les familles reunissent les haft seen



















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